À l’ère des blockbusters géants et des campagnes marketing à grands frais, on oublie facilement que le cinéma est avant tout une histoire. Et parfois, ce sont les films les plus modestes, tournés avec une caméra à 200 $ dans un garage ou un jardin, qui deviennent cultes, révolutionnent l’industrie et rappellent au monde la puissance de l’art véritable. 2024-2025 a marqué une véritable renaissance du « micro-cinéma » : des films créés sans stars, sans le soutien des studios, mais avec une telle sincérité qu’ils ont conquis le cœur de millions de personnes et sont entrés dans l’histoire du cinéma.
L’un des exemples les plus marquants est le film « Le Dernier Bus » (2024), tourné par le Canadien de 28 ans Elias Tong avec un iPhone 15 Pro et une caméra stabilisée bon marché. Le budget n’est que de 17 000 $, levé grâce au financement participatif. Le film raconte l’histoire d’une femme âgée qui prend chaque soir le dernier bus pour faire le tour de la ville afin de ne pas retrouver un appartement vide après le décès de son mari. Le tournage a été réalisé en temps réel, dans de vrais bus torontois, avec des passagers choisis au hasard. Aucun acteur n’était présent : le rôle principal était tenu par une ancienne enseignante, repérée par le réalisateur dans un centre de bénévolat. Sa douleur silencieuse, ses regards par la fenêtre, ses conversations discrètes avec le chauffeur ont touché le public au plus profond de son âme.
Le film a été refusé dans 12 festivals avant d’être présenté à Karlovy Vary, où il a reçu une standing ovation. Une semaine plus tard, A24 l’a acquis pour une somme symbolique, mais avec la promesse de préserver la vision de l’auteur. Au box-office, « Le Dernier Bus » a récolté plus de 45 millions de dollars, un record pour un film dramatique indépendant. Les critiques l’ont qualifié de « poésie du quotidien », et The Guardian l’a placé au même niveau que Parasite et The Power of Dog comme un exemple de cinéma capable de changer la perception de la simplicité.