Les technologies de lecture de pensées sont déjà testées en milieu clinique. Un projet pilote « MindSpeak » a été lancé en Israël. Il permet à des patients complètement paralysés d’apprendre à utiliser un ordinateur, à saisir des messages et même à dessiner grâce à la pensée. L’un des participants, un ancien artiste, a créé un portrait numérique de sa fille pour la première fois en huit ans, simplement en imaginant son visage. Ce cas est devenu un symbole de la façon dont la science redonne aux personnes non seulement des fonctions, mais aussi de la dignité et de la créativité.
Publicité
Un domaine non commercial se développe en parallèle : les neuro-interfaces pour les personnes en bonne santé. CTRL-Labs (propriété de Meta) a dévoilé un prototype de bracelet capable de lire les signaux neuronaux de la main, permettant de « saisir avec sa tête » sur un smartphone. Bien qu’il ne lise pas encore directement le cerveau, il enregistre les impulsions cérébrales transmises aux muscles, ce qui permet déjà de saisir du texte sans contact. À l’avenir, ces appareils pourraient remplacer les claviers et les assistants vocaux.
Cependant, ces opportunités s’accompagnent de risques. Scientifiques et éthiciens tirent la sonnette d’alarme : que se passerait-il si cette technologie était utilisée sans consentement ? Un « vol de pensée » est-il possible ? Des signes d’abus sont déjà visibles : en Chine, des neuroscanners sont testés sur des travailleurs pour évaluer leur « niveau de fatigue et de loyauté ». En Europe et aux États-Unis, la nécessité d’une « valeur inégale » fait l’objet de vifs débats : un nouveau droit à la confidentialité des pensées, similaire au droit à la vie privée.
Parallèlement, les progrès se poursuivent. En 2025, le projet international Open Brain sera lancé : une base de données ouverte sur l’activité cérébrale de volontaires, accessible aux chercheurs du monde entier. L’objectif est d’accélérer le développement d’interfaces neuronales universelles et de comprendre comment se forment la conscience et l’identité. Les participants peuvent retirer leurs données à tout moment, ce qui rend le projet éthique et transparent.
La communauté scientifique est unanime : nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution cognitive. Les neurotechnologies ne se limitent plus au traitement des maladies ; elles commencent à élargir les capacités de l’esprit humain. Peut-être apprendrons-nous, dans les décennies à venir, à enregistrer nos rêves, à partager nos émotions directement, voire à « télécharger » des connaissances, comme dans le film « Matrix ». Mais la question principale demeure : la société est-elle prête pour un tel avenir ?