La cuisine éthiopienne est longtemps restée en marge de la scène culinaire internationale, mais ces dernières années, elle a gagné de plus en plus d’adeptes à travers le monde. Sa singularité réside non seulement dans sa riche palette d’épices et de légumineuses mijotées lentement, mais aussi dans sa culture culinaire particulière, partagée, ritualisée et profondément ancrée dans la tradition. Au cœur de la table éthiopienne se trouvent l’injera, un pain plat fin et moelleux à base de millet teff cuit au levain, et le wat, un ragoût épais à base de légumineuses ou de viande.
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L’injera n’est pas seulement du pain, c’est un élément fonctionnel du repas. Son goût acidulé et sa texture élastique en font un plat idéal à la fois comme assiette et comme couvert. Les plats sont servis directement sur la feuille d’injera et dégustés en déchirant des morceaux de pâte et en les déposant dans le wat. Cette façon de manger crée un sentiment de proximité, d’unité et de confiance entre les participants, reflétant la culture collectiviste éthiopienne.
Le wat n’est pas un simple ragoût, mais une philosophie gastronomique à part entière. Il existe de nombreux types de wat : le mir wat (lentilles), le kik wat (pois chiches), le doro wat (poulet aux œufs et aux épices) et le tikka wat (bœuf). Tous sont mijotés pendant des heures dans du berbéré, un mélange complexe de plus de 15 épices, dont le paprika, le piment, la coriandre, le cumin, le poivre noir, la muscade et l’oignon séché. Le berbéré confère aux plats une riche couleur rouge, un piquant et une profondeur aromatique aux multiples facettes.
Le gurshe occupe une place particulière dans la cuisine éthiopienne. Ce rituel consiste à nourrir une autre personne en déchirant un morceau d’injera, en le trempant dans du wat et en le portant à la bouche. C’est un symbole d’hospitalité, d’amour et de respect. Dans les familles et lors des fêtes, le gurshe fait partie intégrante de la communication, soulignant l’importance des relations interpersonnelles.